Autrefois, les résidents jouissaient d’une vie communautaire dynamique, car de nombreuses activités étaient proposées par diverses organisations de Saint-Pierre. Cependant, en quelques années, plusieurs lieux significatifs de rassemblement ont été ravagés par le feu. Puis, au mécontentement de plusieurs, la ville de Saint-Pierre fusionna à celle de Lachine, laissant ainsi un goût amer chez les citoyens.
En peu de temps, la qualité de vie des résidents s’est dégradée, le tissu social s’est détérioré, le sentiment d’appartenance a été attaqué et les lieux de socialisation ont été détruits. En bref, le quartier Saint-Pierre a perdu ses points de repères et sa fierté …
C’est ainsi qu’est née La P’tite Maison.
Après huit années d’existence, le pilier de la Saint-Vincent-de-Paul, Huguette Labelle Langlois, est contrainte de fermer le Trait d’union, un lieu significatif de rencontre pour plusieurs résidents, faute de relève de coordination. Il s’agit d’un gros coup pour la communauté du quartier Saint-Pierre.
Trois partenaires s’unissent —Arrondissement de Lachine, CLSC et Concert’action Lachine — et obtiennent un des trois projets pilotes de Revitalisation urbaine intégrée pour le quartier Saint-Pierre. Une consultation citoyenne est organisée pour identifier les axes de développement qui formeront le projet de Revitalisation urbaine intégrée. Un des besoins identifiés concerne la création de services sociocommunautaires et d’activités dans le quartier.
À partir de la consultation, le Comité de revitalisation urbaine intégrée (CRUISP) élabore un plan d’action qui comprend quatre projets signatures et sept avenues de développement dont celui de l’Avenue Multi-services, devenu par la suite La P’tite Maison.
Marquée par la solitude et l’isolement des familles qu’elle rencontre, la travailleuse sociale scolaire du CLSC, Rachel Monastesse, accompagnée de parents d’enfants, entreprend d’ouvrir une friperie dans La P’tite Maison à côté de l’école primaire. Après une grande corvée de nettoyage, le groupe prépare l’ouverture le 23 février 2005. En plus de la friperie, l’objectif est d’offrir un lieu où les familles peuvent socialiser et se rencontrer.
À l’automne, le groupe reçoit l’aide de la travailleuse de quartier du CLSC de Lachine, Francine Blanchette, pour consolider le café-rencontre.
Famille-école-communauté-réussir-ensemble (FECRE) est un projet pilote du Ministère de l’éducation, des loisirs et du sport (MELS), portée par l’école Martin-Bélanger. Les partenaires qui sont réunis dans la démarche réfléchissent à des actions à entreprendre pour améliorer la réussite scolaire des enfants. Dans une vision globale, intégrative et systémique, FECRE promeut que pour améliorer la réussite des enfants, nous devons nécessairement agir sur les différentes sphères dans lesquelles ces derniers évoluent.
Ainsi, leur famille, leur milieu et leur communauté deviennent des incubateurs de réussite. Voilà pourquoi des initiatives fondées sur ce principe voient le jour. Les cours de français et les cours de cuisine d’ici et d’ailleurs sont des exemples de projets mis sur pied par FECRE à La P’tite Maison en 2006. Le projet de cuisine a été financé grâce à un contrat de ville de l’enveloppe RUI.
Constatant les possibilités d’activités, une première rencontre informelle a lieu en mai 2006 avec quelques partenaires tels que RUI, Concert’action, CLSC et l’école Martin-Bélanger. De cette rencontre émerge l’idée d’un lieu type «maison des familles».
Nous formons un comité de suivi composé, entre autres, de membres du conseil d’administration du comité de Revitalisation urbaine intégrée pour suivre le mandat de l’agent de développement. Avec la travailleuse de quartier du CLSC et la co-coordonnatrice de Concert’action Lachine, l’agent de développement réalise un sondage de porte à porte auprès de 100 citoyens habitant les rues les plus défavorisées du quartier, afin de connaître les préoccupations spécifiques en terme de besoins sociocommunautaires. Ce sondage nous a permis de savoir que les citoyens connaissaient peu les services du territoire et qu’ils confondaient souvent les services offerts par l’arrondissement avec ceux des organismes communautaires et du réseau de santé.
Les besoins tels que la distance entre les anciens et nouveaux résidents, le manque d’appartenance, le sentiment d’insécurité, la malpropreté du quartier et l’inaccessibilité aux commerces, ont été mentionnés sous forme de préoccupations qui touchent la vie quotidienne des citoyens.
Notre stratégie : La mobilisation et le déploiement du lieu de développement communautaire s’alimentent mutuellement. Impliquer les citoyens dès la conception du projet pour s’assurer d’en faire un lieu vivant, ouvert, et adapté aux besoins et à la culture du quartier. Impliquer les organismes qui contribueront à animer ce lieu.
Toujours par la mobilisation, instaurer une dynamique d’appropriation, améliorer la connaissance des ressources et des besoins existants, améliorer la circulation de l’information. Former un comité qui mettra en œuvre une stratégie de communication afin d’améliorer la visibilité des services et des activités.
Pendant le développement de la démarche, les citoyens de Saint-Pierre continuent de fréquenter La P’tite Maison , et d’autres continuent de s’y investir. Le café-rencontre a toujours lieu depuis son instigation en 2005. Une rencontre avec les organismes communautaires partenaires et des citoyens a lieu à chaque fin de saison pour planifier les cafés-rencontre de la prochaine année.
De son côté, la vente de vêtements reprend de l’élan grâce à l’initiative des citoyennes qui veulent s’y réinvestir, avec l’appui de la travailleuse du quartier. Elles forment ainsi le Comité friperie.
Le financement de la première année d’opération est rendu possible grâce à la contribution de différents partenaires. La fondation Béati et un contrat de ville RUI financent le salaire de la coordonnatrice et des frais d’activités.
Le CLSC contribue en ressources humaines avec sa travailleuse de quartier et un organisateur communautaire. L’école Martin-Bélanger prête les locaux, le matériel d’entretien et effectue le démarchage auprès de la commission scolaire Marguerite-Bourgeois. Celle-ci adhère à la vision et investira dans la rénovation du bâtiment et dans l’entretien général du lieu. Concert’action Lachine assure la gestion du financement et la supervision de la coordonnatrice.
Afin de faciliter l’intégration des organismes, participants et bénévoles à La P’tite Maison , nous avons développés des formulaires d’adhésion, ainsi que des trousses pour le bénévole, l’intervenant et l’organisme partenaire.
En octobre 2009, la gouvernance de La P’tite Maison est évaluée. Un atelier est alors organisé avec les citoyens et les partenaires du projet afin d’estimer les avantages, les inconvénients et les possibilités de financement des trois pistes de structures que le Comité de suivi a identifié, soit :
1. Incorporer La P’tite Maison ;
2. Devenir un comité de la RUI ;
3. Rester dans un projet de partenariat avec une fiducie.
En janvier, à la suite de ces consultations, il a été conclu, que le projet de maison de quartier La P’tite Maison devienne un comité du CRUISP.
Cette option a été réévaluée par le CRUISP et le Comité de suivi un an plus tard, soit en janvier 2011. Après réflexion, il a été décidé d’incorporer La P’tite Maison en organisme à but non lucratif (OBNL). Le CRUISP accordera la priorité au Marché St-Pierre, tout en reconnaissant l’importance de poursuivre le déploiement de La P’tite Maison. Un conseil d’administration fondateur sera alors composé en février 2011. Le 23 mars 2011, une demande d’incorporation a été envoyé aux Registres des entreprises du Québec.
Ainsi, les premiers administrateurs de La P’tite Maison ont été : Mariana Velazquez, Luce Nicolas et Chantal Vallée.
Finalement, une assemblée générale de fondation a eu lieu le 20 juin 2011. Un premier conseil d’administration a été élu :
Présidente : Francine Nadler
Vice-présidente : Grace Ngoyi
Secrétaire-trésorière : Claudine Jasmin, remplacée par Mélanie Poirier
Administratrice : Josée Labelle
Administratrice : Mariana Velasquez
Administratrice : Luce Nicolas
Administratrice : Chantal Vallée, remplacée par Lynn Reid